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Suicides et liberté

 

Un mal être. Un emprisonnement progressif qui tranche avec une liberté suggérée par des scènes rêvées, fantasmées, inaccessibles. Cinq jeunes filles blondes, à l’âge où tout devrait être possible. The Virgin Suicides, c’est l’histoire d’une jeunesse entravée à laquelle Sofia Coppola confère une dimension mystique.

 

Mystique. Ce n’est pas forcément le premier adjectif qui vient à l’esprit lorsque l’on voit évoluer les sœurs Lisbon, protagonistes du film. A priori rien de moins ordinaire ; des adolescentes américaines, filles de conservateurs, charmant les garçons de leur lycée et habitant une banlieue résidentielle sans histoires.

 

Sauf que les histoires, ce sont elles qui les provoquent. Par une tentative de suicide. Par des suicides tout court. Par un mystère et une beauté qui fascine ce petit groupe de losers prêt à tout quitter pour les sortir de la prison qu’est devenu le cocon familial. Même si la caméra se focalise essentiellement sur les sœurs Lisbon, et surtout sur la troublante Lux, le film laisse le spectateur en dehors des pensées de ses héroïnes, lui donnant à peine plus d’indices que ceux dénichés par le groupe d’admirateurs. Le silence. La mélancolie de la bande originale signée Air. Des paroles qui se font rares et qui finalement, ne disent pas le plus important : pourquoi ? La séquestration par les parents ne semble pas être une raison suffisante à la mort de leurs enfants. Elles auraient pu fuir. Attendre d’être en âge de quitter la maison. Mais elles semblaient avoir une motivation insaisissable pour les autres. Aussi insaisissable qu’elles-mêmes l’ont été.

 

C’est cette dimension inaccessible alliée au culte voué par les quatre garçons éperdument amoureux qui font des sœurs Lisbon des personnages mystiques. Impossible de garder en mémoire la scène de leur mort ; la caméra ne s’aventure pas jusque là. En revanche, les scènes rêvées distillées au long du film deviennent son emblème esthétique. Les filles y sont libres, tournoyant en pleine nature telles des déesses jeunes pour toujours.

 

 

Cassandre Fabre

30.01.2014

Virgin suicides

1999

Sofia Coppola

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