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Tendances de demain :

d’où viennent-elles ?

 

 

Un jour tout le monde porte des marinières ; le lendemain, la mode est au fluo. Il y a des vogues d’été et des vogues d’hiver, à chaque saison deux ou trois tendances prédominent. Des magazines aux magasins et des magasins aux dressings, il n’y a qu’un pas. Enquête sur ce phénomène.

 

Les créateurs, grands gourous de la mode, sont avant tout inspirés par le monde qui les entoure, et les variations qui se jouent dans leurs créations suivent l’ambiance du moment. Sur le long terme, il est flagrant que les mutations de la société ont influencé les habitudes vestimentaires de la population. C’est par exemple avec la libération de la femme au cours de la première moitié du XXe siècle que les pantalons féminins sont apparus, pour ensuite se généraliser. Plus récemment, dans les années 1960, un certain relâchement des moeurs a donné lieu au raccourcissement de la jupe, pour aboutir à la minijupe. Ces évolutions s’observent sur des années, mais à y regarder de plus près, des éléments ponctuels peuvent occasionner des innovations vestimentaires, celles-ci étant bien plus éphémères que les véritables mutations ici mentionnées.

 

L’air du temps

 

Un film peut suffire à lancer, ou à relancer, une mode. C’est notamment ce qui s’est passé en 2013 lors de la sortie au cinéma de Gatsby le magnifique qui a entraîné un retour des années 1930 dans les tenues dites “branchées”. L’exploit est de faire en sorte que la mode n’apparaisse pas comme une conséquence du film, en arrivant après lui, mais qu’elle arrive en même temps pour satisfaire immédiatement le public qui aura vu le film et qui aura développé l’envie de s’habiller à la manière des personnages du grand écran. Les créateurs s’informent donc des projets en cours du septième art et devinent ce qui va plaire pour en imprégner leurs collections. Ils doivent ainsi toujours rester sur le qui-vive, pas seulement par rapport aux films, mais aussi par rapport aux musiques, aux expositions, à l’actualité… Une étudiante en stylisme au sein de la prestigieuse École de la chambre syndicale de la couture parisienne, Lucie Marçais, l’affirme, “pour être créatif, il faut être attentif”. Quant à elle, qui a dû développer cette sensibilité à l’air du temps pour arriver à son niveau, elle annonce pour cet été un retour de la femme fatale caractérisée par une certaine allure, une abondante chevelure et des lèvres bien rouges, le tout avec plus de subtilité que la pin-up, un peu à la James Bond girl. Toutefois la mode se décline sur plusieurs niveaux avec plus ou moins d’écart entre eux.

 

La haute couture

 

La haute couture est en quelque sorte le sommet de la pyramide de la mode. C’est dans ces collections que les grands créateurs laissent libre cours à leur fantaisies artistiques. Les vêtements présentés sont extravagants, c’est parfois peu de le dire, et absolument importables en dehors des podiums. Plus que des vêtements, ce sont des oeuvres. Ils n’ont pas vocation à habiller qui que ce soit, ni même à être vendus. Pour la plupart ils sont religieusement entreposés dans les locaux de la marque, à l’exception de quelques pièces qui partent à des prix vertigineux agrandir des collections privées. Pourtant, la haute couture, bien que perchée dans sa tour d’ivoire, n’est pas sans influence sur ce qui va se porter dans la rue, mais de manière indirecte et par le biais d’un intermédiaire, le prêt-à-porter de luxe. La haute couture est en fait l’idée première, l’essence du projet créatif, qui va progressivement s’adapter aux exigences de la réalité et de la normalité.

 

Le prêt-à-porter de luxe

 

Le prêt-à-porter de luxe, bien qu’étant le niveau en dessous, reste réservé à une élite. Les produits sont d’une grande qualité, confectionnés à la main pour une bonne part, fabriqués sur mesure et agrémentés d’éventuelles modifications désirées par le client ou la cliente. C’est pour ces raisons qu’ils ne font pas partie du paysage quotidien, mais aussi parce qu’il s’agit souvent d’habits particulièrement élégants qui ne s’exhibent que lors de grandes occasions. Là où la haute couture sert principalement de publicité, le prêt-à-porter de luxe (avec le parfum, à ne pas oublier) fait donc tourner les maisons telles que Chanel, Jean-Paul Gaultier et Yves Saint Laurent.

 

Le prêt-à-porter de masse

 

En continuant à adapter la mode à la vie de tous les jours, on aboutit au prêt-à-porter de masse, celui des boutiques du centre commercial d’à côté. S’il semble n’avoir aucune ressemblance avec la haute couture. Il faut néanmoins garder à l’esprit qu’il en est le fruit, qu’il en découle. De plus, il existe des passerelles entre ces univers. H&M par exemple a multiplié les partenariats, dans le cadre de collections en édition limitée, avec des grands noms tels que Karl Lagerfeld, Lanvin ou Versace. D’autres en revanche ne s’encombrent pas de partenariats et préfèrent le plagiat, ce qui a notamment valu un procès à l’enseigne Zara qui a eu l’audace de copier les semelles rouges de Christian Louboutin !

 

Les grandes écoles de mode

 

Donc d’où viennent les tendances du prêt-à-porter de masse ? Du prêt-à-porter de luxe, qui lui-même descend de la haute couture. D’où viennent les créations de haute couture ? De l’inspiration des artistes de la mode qui restituent l’air du temps. Et d’où viennent ces artistes ? Des écoles de mode. Il est donc intéressant de savoir ce qui s’y enseigne et ce qui s’y apprend. Lucie Marçais de l’ECSCP raconte : “La formation se divise en deux parties. D’une part le modélisme (l’atelier) et d’autre part le design (le studio). En design, on dessine les figurines de mode, les croquis. Mais ce qu’on ignore c’est qu’avant d’aboutir à un dessin il y a énormément de recherches et de travail en équipe. En modélisme, on se consacre à la partie technique, à la couture. Cette formation est vraiment très complète et surtout extrêmement reconnue. Tous les élèves de l’école sont quasi-assurés de trouver ensuite une place dans le prêt-à-porter de luxe, voire dans la haute couture”. Qu’on se le dise, la relève est en marche et le vent n’est pas près d’arrêter de tourner dans le monde de la mode.

 

 

Margot Da Silva

28.02.2014

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