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Robert Doisneau, clin d’œil au quotidien ; un jeu d’enfant

 

 

Le Carreau, salle d’arts visuels de Cergy-Pontoise, expose depuis le 18 janvier des séries de photographies de Robert Doisneau. La première série est intitulée « Pêcheur d’images » et regroupe des photographies de la vie quotidienne sur une période de soixante ans, pendant et après l’occupation allemande. La seconde, « Les grandes vacances », est une ode aux premiers congés payés des français après les Accords de Matignon. Mathilde Griffaut, médiatrice culturelle, est chargée de recevoir une classe de CE2 et de leur faire visiter l’exposition.

 

Madame Griffaut commence par présenter Robert Doisneau en adaptant son discours à son auditoire. Elle insiste sur le côté malicieux du photographe avant de donner une mission aux enfants. Ces derniers vont devoir répondre à un certain nombre de questions et chercher les réponses en faisant une visite autonome. Quels sont les sujets des photographies ? S’il s’agit de personnes, sont-elles célèbres ? Les élèves se séparent en petits groupes plus ou moins bavards pour faire le tour de l’exposition et remplir leur mission. Madame Griffaut leur laisse vingt minutes avant de les réunir pour une visite, guidée cette fois-ci.

 

Au fur et à mesure, elle reprend les questions qu’elle leur avait posées. Beaucoup ont constaté que la plupart des gens présents sur les photos de Doisneau sont des anonymes mais qu’il y a également quelques artistes comme Pablo Picasso ou Fernand Léger. Entre deux interventions des élèves, Madame Griffaut aborde les points importants du travail de Doisneau. Tout d’abord, la photographie prise sur le vif avec « Baigneurs sur la Marne » (1944). Le cliché montre des hommes regroupés au bord du fleuve et l’un d’eux est en train de se jeter à l’eau. Ensuite, le groupe s’intéresse à la photographie comme témoin de l’Histoire avec « FFI au repos » (1944). Il s’agit d’un soldat affalé dans la rue, le visage soucieux. Après cela, la médiatrice culturelle enchaîne sur une note plus légère avec « Le regard oblique » (1948). La fameuse malice du photographe y est perceptible à travers un jeu sur les regards des sujets. La femme parle en regardant le tableau devant elle (invisible pour le spectateur) mais le regard de son mari est attiré par un tableau sur la gauche, représentant une femme nue et de dos dont le postérieur généreux est mis en valeur. Enfin, il est question de la place que Doisneau laisse au hasard avec « Café noir et blanc » (1948). Au départ, ce cliché était censé être réalisé avec des acteurs. Mais un ouvrier a pris place au bar à côté des comédiens engagés par le photographe. Doisneau a considéré cette irruption comme une chance et conservé le cliché.

 

« L’idéal, ce serait de commenter six ou sept photographies avec eux, précise Madame Griffaut en aparté. Mais là, ce ne sera pas possible. La capacité d’écoute des enfants est limitée suivant leur âge. Le groupe d’aujourd’hui est constitué d’élèves de primaire, retenir leur attention vingt ou vingt-cinq minutes c’est déjà bien. Ensuite il vaut mieux passer à la partie ludique de la visite. »

 

Cette partie ludique, le Carreau la doit notamment à l’association Le Jeu Pour Tous qui a mis à disposition des jeux dits « d’antan ». Il s’agit de jeux en bois ou faits avec des objets du quotidien (verre en plastique, ballons de baudruche, papier…). Cela permet à la médiatrice culturelle de faire le lien avec Doisneau et les jeux auxquels jouaient les enfants à l’époque où les photographies de l’exposition ont été prises.«

 

Doisneau adorait photographier des enfants mais aussi leurs jeux dans la rue; autrement dit leur vie quotidienne, déclare Madame Griffaut. C’est l’occasion d’établir un lien direct entre les photographies de l’artiste et les enfants. Les ateliers mis en place par Le Jeu Pour Tous ou par les chargés d’activités culturelles du Carreau, dont je fais partie, leur apportent des clefs de compréhension de l’œuvre. Ils les guident et les font interagir avec les photographies. Au final, le but n’est pas tant de leur faire aimer Robert Doisneau que de le leur faire découvrir. Si cela plaît, tant mieux, mais le plus important est de leur donner un maximum d’éléments pour mieux appréhender ce qu’ils peuvent voir dans cette exposition. »

 

Ce jour là, un jeu en particulier remporte un franc succès chez les CE2. Il s’agit du jeu de la photographie tactile. Initialement, les photographies tactiles sont proposées à l’attention de personnes non-voyantes ou malvoyantes afin qu’elles puissent elles aussi profiter de l’exposition. Les autres personnes ont aussi le droit d’essayer, c’est pour elles l’occasion d’appréhender autrement le support photographique et le rapport à l’image. L’atelier proposé aux enfants leur permet de créer leur propre photographie tactile. Tissu, plumes, papier… Ils ont le choix. A la fin de la visite les CE2 repartent avec leur création sous le bras et un sentiment de fierté non dissimulée pour certains.

 

 

Cassandre Fabre

22.02.2014

Exposition Robert Doisneau, clin d’œil au quotidien,
18 janvier au 20 avril 2014.
 
Le Carreau, 3-4 rue aux Herbes (quartier Grand Centre)
95000 Cergy.
Téléphone : 01 34 33 45 45.
Courriel : lecarreau@ville-cergy.fr
 
Horaires d’ouverture : du mardi au vendredi de 12h à 19h,
les samedis, dimanches et vacances scolaires de 14h à 19h.
Fermé les lundis et jours fériés.
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