top of page

Pétaouchnock sexy.

 

 

Il y a des endroits que tout le monde connaît et rêve de visiter. Rome, New York, Paris, Londres. Des capitales dont le nom clignote tel une affiche de casino et dont la richesse économique et culturelle éblouit tant qu’avant même d’en avoir franchi l’enceinte, l’esprit est en effervescence. Et puis il y a les autres. Les inconnues, les bouts du monde, celles dont le sex-appeal laisse à désirer. Elles font beaucoup d’efforts en reprenant des noms accrocheurs. Pourtant rien n’y fait. Personne ne s’y intéresse. Dans les profondeurs du Midwest, aux frontières du Kansas, du Missouri et de l’Oklahoma, la petite ville de Pittsburg se désespère.

 

20233. C’est le nombre d’habitants recensés en 2010. L’étude ne précise pas si un tel score a été atteint avant ou après avoir retenu les vaches. Une chose est sûre, Pittsburg est ce qui est communément appelé un « pétaouchnock ». Un ticket aller est un bon moyen de découvrir de façon concrète une bonne étendue de l’aviation commerciale. Depuis la France, il faut déjà compter trois appareils : un charter, un vol régulier et pour finir, un avion si petit qu’entre la valise et le sac à dos, il faut choisir. Le dernier voyage dure une heure. Après les six heures dans le long courrier, le trajet passe en un éclair. Avant le décollage, on répartit le poids dans l’appareil. Sentiment de sécurité assuré. Enfin, c’est l’atterrissage. Encore une heure et le panneau Pittsburg pointe le bout de son nez. Ça y est, le bout du monde, c’est ça.

 

Des plaines, des buissons ras, de la terre rouge, des bisons et à nouveau des plaines. Ici, les forêts se font rares. Le climat est aride et les tornades avalent tout sur leur passage. Le chauffeur parle avec un fort accent. Très fier, il revendique Clark Kent et La petite maison dans la prairie, les deux fiertés locales. Les premiers bâtiments apparaissent. On s’attend à voir débouler un cow-boy à cheval, les éperons en étoile aux talons, à chaque coin de rue.

 

Rien de tout ça. Certes la ville est petite et très industrialisée. Le Walmart et la fabrique de Pepsi sont les deux principaux pôles d’emploi. Mais Pittsburg a un atout dans sa poche : son gorille.

 

L’université en a placé aux quatre coins de la ville. Signe que malgré son apparence peu affriolante, Pittsburg est une ville universitaire où les savoirs se mélangent et bouillonnent dans des bâtiments à faire pâlir d’envie n’importe quelle université française en béton armé.

 

Dans ce petit coin de Terre perdu au milieu de nulle part, pas de prétention. Les gens sont simples mais plus généreux que nulle part ailleurs. Avide de savoirs, la culture américaine, la vraie, se révèle timidement mais avec un puissant désir de partage. Une fois apprivoisée, Pittsburg s’épanouit. Les tornades et l’herbe rase s’effacent. Les trois avions et les douze heures de vol ne sont plus si interminables. Le voyage valait la peine. Le bout du monde, parfois, est aussi sexy que la grande capitale.

 

 

Amandine Duphil

12. 04. 2014

bottom of page