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Misère ordinaire du muffin

 

 

Depuis longtemps, on connaît les fameux cakes anglais, qui ne signifient pas simplement « gâteaux » comme le suggère la traduction littérale, mais plutôt une sorte de quatre-quarts fondant. Depuis une demi-douzaine d’années, le petit chouchou, c’est le cupcake, qu’on décore avec autant de soin que feu le scrapbooking. Le muffin est différent : le muffin n’est pas seulement vanillé, le muffin fond en bouche, et aujourd’hui, il n’est plus seulement aux myrtilles.

 

Reconnaissable à sa forme ronde et à son petit chapeau qui rappelle celui d’un champignon dodu, le muffin est confortablement lové dans sa caissette en papier. Le malheureux, disposé sur une grille ayant permis son refroidissement, laisse apparaître quelques taches de gras en son dessous, dues, certainement, aux 125 grammes de beurre nécessitant sa préparation. Le muffin au chocolat c’est l’alliance de la puissance du Nestlé dessert et du Nutella réunis. Le muffin est aussi luisant qu’à sa sortie du four, prêt à être dévoré.

 

Il faut tout d’abord ôter une partie ou la globalité de la caissette, afin d’en inspecter l’en-cas. Quelques pépites de chocolat ont émergé de la pâte chocolatée, et sont encore quelque peu fondants. La pâte est comme mousseuse, aérée, témoignant la présence d’œufs et de levure, révélant la délicatesse d’une plaque de chocolat pâtissier. La pâte n’est pas sèche, le muffin n’est pas le gâteau basque : non, le muffin est si aéré que, parfois, quelques petites miettes de consistance nuageuse s’échappent pour échouer sur la table, où elles sont irrémédiablement condamnées. Parfois, la dent tombe sur une pépite, qui représente le quart d’un carré.

 

En son cœur, le muffin révèle une généreuse portion de Nutella fondu, qui, sous le coup de la chaleur, fait émerger le goût de la noisette en poudre et la délicate saveur de la désirable huile de palme.

 

Le muffin est finalement englouti au bout de trois petites minutes, un temps suffisant pour la souffrance : stoppons les muffophages !

 

 

Charlotte Cousin

07.03.2014

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