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L'homme qui domptait le bronze.

 

 

Petites lunettes sur le nez, barbe et cheveux blancs, sourire malicieux, Joe Fafard a l'air rieur et sympathique. Le sculpteur canadien de 71 ans, présent dans toutes les grandes collections canadiennes, a exposé, du 11 juin au 25 septembre 2011, sa production au Musée des beaux-arts de Sherbrooke. Chevaux, vaches, loups, coqs, mais aussi hommes et femmes; en petits et grands formats, l'artiste s'inspire de ce qu'il vit et ce qu'il aime pour créer des œuvres en bronze d'un grand réalisme. Rencontre avec Sarah Boucher, conservatrice du Musée des beaux-arts de Sherbrooke et commissaire de l'exposition.

 

Comment vous est venue l'idée de faire cette exposition?

En fait, Cécile Gélinas, la directrice du musée, et moi en rêvions depuis longtemps. Chaque fois que l'on recevait le nouveau catalogue de la galerie d'art Bellefeuille, on se disait que ce serait une super expérience mais nous avions peur que cela n'intéresse pas Joe ou bien que cela nous coûte trop cher. Mais c'est vrai que cette idée nous trottait dans la tête depuis un bon moment déjà et un jour, j'ai tenté ma chance. J'ai envoyé un mail à son assistante en me disant que je n'avais rien à perdre. Elle m'a trouvé sympathique et a transféré ma demande à Joe.

 

Comment a-t-il réagi? A-t-il tout de suite accepté?

J'ai été surprise mais oui, il a tout de suite été très emballé. L'idée de travailler avec une petite structure, à taille humaine, où tout le monde se connait, lui plaisait beaucoup. Il m'a d'ailleurs très vite rappelée pour me proposer de venir visiter son atelier à Saskatchewan. Peu de temps après, Madame Gélinas et moi prenions la route pour le rencontrer et choisir avec lui les pièces que nous allions exposer.

 

Comment s'est passée la sélection des œuvres? Avait-il des exigences particulières?

Ça a été assez vite, en réalité. C'est très agréable de travailler avec Joe parce qu'il est très ouvert. Lorsque nous sommes arrivées, il m'a proposé de faire un premier tour d'atelier pour voir les pièces qui me plaisaient. J'en ai sélectionné un certain nombre et nous avons vérifié quelles étaient bien disponibles. Nous avons aussi regardé ses œuvres dans des collections publiques comme celle du MBAM (Musée des beaux-arts de Montréal) ou celle de la galerie de l'Université Concordia, mais aussi dans la collection d'un collectionneur privé chez qui nous sommes allés ensemble. Ensuite, je dirai que pour la sélection finale, c'était environ 50/50. Au fur et à mesure, certaines œuvres ont dû être éliminées et Joe en a choisi de nouvelles pour les remplacer.

 

Y avait-il une pièce que vous vouliez avoir et que vous n'avez pas pu obtenir?

Oui. Au départ, Madame Gélinas et moi voulions absolument une des grosses vaches mythiques de Joe Fafard. Malheureusement, nous nous sommes vite rendues compte que cela allait être compliqué. D'une part, les frais de transport et d'assurance allaient être trop importants. D'autre part, nous n'étions pas sûres que le sol du musée allait être capable de supporter le poids d'une telle masse. Mais nous avons quand même réussi à faire un bon compromis avec le coq, placé à l'extérieur. L'exposition comporte bien évidemment les célèbres sculptures animales qui font la renommée de l'artiste mais aussi les sculptures humaines qui sont peut-être un petit peu moins connues.

 

Etait-ce une intention que vous aviez dès le départ?

Pas vraiment. J'avoue être partie visiter l'atelier sans avoir d'idée précise de ce que je voulais car je tenais vraiment à attendre de voir toutes les pièces avant de décider quoique ce soit. Du coup, c'est en visitant l'atelier que je me suis dit que mettre les deux productions dans la même salle, en deux zones différentes, serait beaucoup plus intéressant et je crois que c'était une bonne décision.

 

Comment s'est passé le montage? Avec de telles pièces, avez-vous eu à prendre des dispositions particulières?

Oui! Nous avons travaillé avec un transporteur, Gestion Art Select, qui a coordonné toute la récupération des œuvres avec Joe et je me suis chargée de la réception au musée. Le convoyeur nous a aidé à installer le coq devant le musée et nous nous sommes occupés du reste du montage. Mais l'exposition ne nous a pas pris plus de temps que d'habitude. Nous étions trois et cela nous a pris une semaine, ce qui est généralement le temps qu'un montage demande. Pour le reste, Joe m'a laissé une grande liberté dans la mise en exposition et j'ai pu faire les choses comme je les entendais. Bien sûr, je lui ai fait valider mes textes de présentation, mais c'était plus pour la forme qu’autre chose car il m'a fait entièrement confiance.

 

Et comment s'est passée l'exposition? Quelle a été la réception des œuvres?

L'exposition s'est très bien passée et a eu le succès que nous espérions, ce qui est une bonne nouvelle. Joe a eu beaucoup de succès. Lors des vernissages, les visiteurs viennent le plus souvent pour voir les œuvres à l'ouverture de l'exposition alors que là, la plupart des gens qui s'étaient déplacés était ici pour le rencontrer lui. Il n'a ailleurs pas eu une seule minute à lui durant toute la soirée. Ensuite, comme je disais, nous étions assez contents du résultat. Cet été là, à Sherbrooke, beaucoup de musées ont souffert du manque de visiteurs. On n’a jamais su pourquoi mais la ville a été désertée durant toute la période estivale. Nous avons eu la chance de ne pas connaître ce phénomène et nos expositions nous ont assuré une assez bonne fréquentation pendant les trois mois, donc on peut dire que ça a été une très bonne expérience. 

 

 

Amandine Duphil

12.04.2014

Exposition Joe Fafard.
Du 11 juin au 25 septembre 2011.
Musée des beaux-arts de Sherbrooke.
241 rue Dufferin, Sherbrooke,
QC J1H 4M1, Canada.
Adulte: 10$ ; Aîné: 8$ ; Etudiant: 7$;
Gratuit pour les enfants.
Informations au 819. 821. 2115 ou sur mbas.qc.ca
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