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L'enfant-robot

 

 

Elle est accrochée à un cadran de porte. Pendu en l'air, tel une bête, son corps fin a tout l'aspect de celui d'une femme sauvage, exposée dans toute sa splendeur. Et puis la caméra se rapproche. Sous la perruque blonde, elle a les traits d'une poupée: des yeux bleus électriques rehaussés d'un trait noir, des joues fardées de rose et des lèvres innocentes et pulpeuses. Le justaucorps chair ne fait que renforcer une impression étrange. Dans ce petit corps qui n'a pas encore perdu toutes ses dents de lait, fille et femme se débattent pour ne devenir qu'un être asexué.

 

Et puis la musique démarre et le corps bouge. Il saute. Court. Se roule et tourbillonne. De ce corps presque irréel et mécanique, Maddie Ziegler fait ce qu'elle veut. La voix grave de Sia ralentit. La musique se calme. Au corps robotisé succèdent des membres languissants. Les hanches se balancent en un rythme sourd. Les jambes interminables se déploient telles des ailes prêtes à s'envoler. 

 

Tout repart. Le rythme est rapide, presque saccadé. La voix continue de monter en puissance. Le corps déshumanisé reprend ses droits. Sur le visage poupon, les mimiques se suivent. Comme son corps, les traits de la jeune fille dansent dans un désordre organisé. 

 

La musique prend fin. Le corps arrête de gesticuler, de se désarticuler. Il est à la porte, point de lumière au fond d'un couloir sombre. Dans une révérence maladroite et répétitive, le robot se mêle une dernière fois à la petite fille. Sur son visage, un rictus étire ses lèvres.

 

 

Amandine Duphil

09.05.2014

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