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L’énergie se décline

 

Ce n’est plus un homme nu qui bondit. C’est un arc de chair fantomatique. Un instant d’urgence et d’énergie pure qui se décline en différentes phases d’oubli de soi.

 

Derrière la vocation scientifique du travail d’Edward Muybridge se cache une portée esthétique qui fait de son “Étude des mouvements humains” une oeuvre d’art.

 

L’élan. Le point culminant. L’atterrissage. L’arc n’est pas parfait. Des membres jaillissent hors de la trajectoire et lui insufflent un trait de folie. La figure devient une prise de risque. Celle d’un personnage qui veut sauver sa peau et dont le saut reflète l’énergie du désespoir. C’est une fuite précipitée, où la réflexion n’a pas sa place.

 

En atteignant le point le plus haut, le corps se redresse, semblant avoir trouvé la place qui est la sienne. La chute qui s’ensuit est, fatalement, signe de repli sur soi.

 

De loin, le spectacle a des airs de courant électrique. C’est une énergie qui circule d’un point à un autre en crépitant. En voulant étudier l’humain, Muybridge finit par évacuer la notion d’humanité au profit d’un idéal insaisissable. L’homme n’est plus sujet, il est objet d’art.

 

 

Cassandre Fabre

27. 03. 2014

Edward Muybridge

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