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Le parfum de l’air du temps

 

Personne n’a pu y échapper, le temps a viré à l’orage ces derniers jours sur tout l’Hexagone. Et voilà que tout le pays sent le chien mouillé. La pluie possède une odeur, bien qu’elle ne soit pas la même partout. A la campagne elle soulève les effluves de la terre, des champs, ou pire, des animaux ruraux. En bord de mer, elle véhicule le fumet délicat du poisson fraîchement pêché. Paris a sa propre odeur de pluie, bien caractéristique, reconnaissable entre toutes. A croire qu’elle diffère de celle des autres villes !

 

A Paris, que ça lui plaise ou non, la foule empressée qui se bouscule pour monter dans un métro bondé devra rentrer chez elle avec une senteur métallique. Chose d’autant plus étonnante que les rues n’ont pas ce même parfum. Macadam, gaz d’échappement, poubelles, aérations de cuisines de restaurants douteux… Tout est amplifié par ces gouttes indésirables dans un subtil mélange qui prend au nez quiconque ose s’aventurer hors des espaces secs et chauffés.

 

Bien que quasi-indéfinissable, l’odeur des rues parisiennes mouillées est celle d’une rue parisienne mouillée, c’est à ne pas s’y tromper. Ceux qui ont eu le bonheur de la humer sauront bien de quoi il s’agit. Mais le parisien mouillé, faute de parapluie, ne s’imprègne pas du parfum des trottoirs. Non, lui il sent le porte-monnaie rempli de vieille ferraille. C’est alors que se pose la grande question : pourquoi ? Face à ce mystère qui devra demeurer sans explication, car il perdrait sa magie, il ne reste pour les narines sensibles qu’à attendre le retour des beaux jours avec leurs notes entêtantes de mimosa et de lilas qui feront bientôt plier les branches des arbres encore nus sous leur poids.

 

Ou alors il faut se faire à l’idée qu’il pleut sur la ville lumière au moins 365 jours par an et apprendre à se dire que la pluie sent bon. Verlaine y arrivait bien, lui, du moins la pluie qui pleut sur la ville comme sur son coeur paraît si douce pour l’âme chagrine qu’elle ne peut que l’être aussi pour les capteurs olfactifs.

 

 

 

Margot Da Silva

18.01.2014

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