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Le nouveau rire de Gwynplaine

 

 

L’adaptation du grand roman de Victor Hugo, L’Homme qui rit, avait tout pour être un succès. L’intrigue, les personnages, les décors, les acteurs… Tout y est. Pourtant le charme n’opère pas. Gérard Depardieu est tout à fait dans l’esprit d’Ursus, un peu bourru mais bien intentionné. Mais cela ne vaut pas pour les deux jeunes comédiens qui incarnent Gwynplaine et Déa. Elle est trop effacée tandis que lui est trop léger. Là où aurait dû se trouver un homme laid à faire peur, défiguré et à l’âme torturée, le réalisateur, Jean-Pierre Améris, s’est contenté de mettre une petite cicatrice sur le visage d’un être troublé, certes, mais pas ravagé.

 

Et que dire de Barkilphedro ! Ce personnage de l’ombre, pour ne pas dire des ténèbres, a été privé de toute sa monstruosité romanesque pour n’être plus qu’un banal courtisan malhonnête. Et fait, tous ces personnages dont la profondeur est issue de l’esprit d’un génie ont été simplifiés de manière à s’intégrer dans un film d’une heure trente. A cela s’ajoute le fait que beaucoup de scènes cruciales en ont été évacuées. Compte tenu de la taille conséquente de l’oeuvre de l’écrivain romantique, il était évident que tout ne pouvait pas trouver sa place dans une adaptation cinématographique, mais les choix qui ont été faits, bien qu’indispensables, sont discutables. L’accent est parfois mis sur des scènes de peu d’importance, au détriment d’autres, beaucoup plus riches, qui sont survolées, voire retranchées.

 

Cerise sur le gâteau : ce qui s’apparente originellement à une fin de tragédie est traité comme une fin de mélodrame qui tire des larmes au spectateur, mais des larmes faciles, causées par la musique et ses trémolos, l’air grave des acteurs, les dialogues plus que solennels… Le naturel, qui aurait pourtant suffi, est perdu.

 

Margot Da Silva

29.01.2014

L'Homme qui rit

Jean-Pierre Améris

2012

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