top of page

La balade des gens malheureux

 

“Je bois et puis je danse” est un titre qui réussit l’exploit d’allier un fond empreint de pathos à un aspect entraînant en surface. Ce single du groupe Aline, sorti en 2012, signe son premier succès populaire. L’histoire est simple : une homme, excessivement timide, boit pour trouver le courage de parler à la fille qui lui plaît. Un thème qui peut paraître naïf, un peu adolescent. Seulement, il est facile de se prendre au jeu, de s’identifier à ce personnage qui n’obtient pas ce qu’il veut et finit plus bas que terre ; “au milieu des limaces [il se] traîne”...

 

Au fil de la chanson, ce protagoniste médiocre s’enlise dans l’alcool et la maladresse tandis que le rythme s’emballe, se calme, puis explose, semblant retranscrire les affres de l’ivresse. Au “je ne sais pas comment” qui clôt le refrain répond le son des guitares qui résonne comme un bad trip.

 

Le ton d’ensemble reste léger. Il est clair que l’interprète prend du recul vis-à-vis de l’histoire qu’il raconte, ce qui colle finalement assez bien avec l’aspect enjoué de la partie instrumentale. Ce décalage n’est pas sans rappeler la célèbre “Cendrillon” de Téléphone. Avec son texte narratif et gentiment trash, “Je bois et puis je danse” s’inscrit dans la même lignée.

 

Il est toutefois regrettable que le groupe ne soit pas allé plus loin dans le côté incisif. Cela laisse présager une tendance à basculer dans un style peut-être trop lisse qui risque de faire la différence entre succès durable et feu de paille. Il faut maintenant espérer qu’Aline aura autre chose à proposer qu’une énième balade des gens heureux.

 

 

Cassandre Fabre

25.01.2014

 

 

Aline

"Je bois et puis je danse"

2013

bottom of page