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Dans les coulisses du CNSMDP : histoire d’une étoile filante

 

 

Juliette Linard, jeune parisienne de vingt ans, étudiante à l’École Nationale de Commerce, a pratiqué la danse classique au plus haut niveau. Aujourd’hui mise au rebut de ce cercle très fermé et impitoyable, elle témoigne.

 

 

Quel a été votre parcours ?

À l’âge de huit ans, on m’a inscrite à un cours de quartier, près de chez moi. J’ai tout de suite été repérée. J’ai donc intégré le centre Goubé, puis j’ai suivi les cours de Madame Arabian. Ensuite j’ai été au Conservatoire de Paris, et enfin au CNSMDP, Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, là où tout s’est arrêté. Le tout en l’espace d’à peu près sept ans.

 

Qu’aviez-vous de plus que les autres d’après vous, pour vous distinguer ?

Sans doute la motivation, l’assiduité aux cours et le sérieux. Il ne faut pas avoir peur de l’effort. À mon plus haut niveau, je pratiquais quinze à vingt heures par semaine.

 

Mais alors comment cela s’est-t-il arrêté ?

À chaque fin d’année au CNSMDP il y avait des examens pour décider du passage dans la classe supérieure, du redoublement ou du renvoi des élèves… J’ai été renvoyée.

 

Et pourquoi ce renvoi ?

On ne m’a rien dit. Si je n’avais pas demandé, je n’aurais jamais su. J’ai finalement appris qu’on avait estimé qu’avec mon mètre soixante j’étais trop petite. On ne m’avait jamais parlé de ça auparavant. Au contraire, on m’avait même plutôt laissé entendre que je passerais sans problème.

 

Ça a dû être un coup dur. Qu’avez-vous ressenti à chaud ?

Mon premier sentiment a été l’incompréhension. Je ne m’y attendais pas. Et au-delà de l’incompréhension j’ai été dégoûtée du milieu.

 

Et aujourd’hui ?

Après coup, je me suis dit que c’était un mal pour un bien, que j’allais pouvoir me consacrer à mes études et m’éloigner de cet univers un peu spécial, pas vraiment équilibré et bienveillant.

 

Alors vous avez décidé de tout arrêter. Pourquoi ne pas avoir continué la danse, juste pour le plaisir ?

Pour en faire tous les jours, il m’aurait fallu des cours aménagés et ce n’était pas compatible avec mon cursus scolaire. Pour n’en faire que quelques fois par semaines, il aurait fallu régresser à des cours amateurs, et arrivée à un tel niveau ça ne m’intéressait pas. Autant arrêter.

 

Avez-vous quelque chose à révéler ou à dénoncer au sujet des écoles de danse ?

Le manque de communication, ou la fausse communication, entre élèves et professeurs, et même entre les professeurs. Et surtout, beaucoup d’hypocrisie.

 

Quels sont les meilleurs et les pires souvenirs que vous gardez de ces années de danse ?

Mes meilleurs souvenirs ce sont les spectacles, dès que j’étais sur scène. Pour les pires, hormis mon renvoi, je dirais que ce sont toutes les fois où les réflexions de la professeur m’ont poussée aux larmes. C’était assez fréquent, pour moi comme pour les autres d’ailleurs.

 

Aujourd’hui ce n’est pas trop difficile d’en parler ?

Non, ça va. Je suis bien dans ma vie et je ne regrette rien.

 

 

Un conseil pour une danseuse débutante ?

Si tu es passionnée, travaille, travaille, travaille… Mais il faut que ça reste un plaisir !

 

 

Margot Da Silva

23.01.2014

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