top of page

Feeling good

 

 

C’est une affaire de chanson rayon de soleil, de chanson bonne humeur, de chanson sourire. Souvent c’est sur le tube du moment que les gens comptent pour se “donner la pêche” ; celui qui retentit en guise de sonnerie de réveil à la radio et repassera sûrement une fois par heure toute la journée. Ca tombe bien pour ceux qui attendent “leur” chanson ! Quand la chanson bonne humeur n’est pas le tube du moment, elle a une valeur plus individuelle et plus durable. Il s’agit donc d’un effet de mode dans un cas ou d’une résonance personnelle dans l’autre cas.

 

Il existe pourtant un morceau qui dépasse cette alternative. “Feeling good” a un truc, ou plutôt, il a tout. Il résiste au temps, et même aux interprètes. Contrairement à tous les titres qui perdent quelque chose quand ils sont repris, dont on ne retrouve pas l’âme dans les versions non-originales, celui-ci reste intact, si bien qu’il est en quelque sorte en perpétuel retour en vogue, sans jamais être pour autant au sommet du hit parade. Simplement, il est toujours là, et que ce soit Nina Simone ou Muse, l’effet est le même. Leurs interprétations sont très différentes et de nombreuses années les séparent, mais l’émotion qui s’en dégage est tout à fait semblable.

 

Cette recette miracle peut s’expliquer par la correspondance entre la mélodie et les paroles qui paraissent réciproquement calquées l’une sur l’autre. Une certaine sérénité se dégage de l’enchaînement des notes, quel que soit le choix des instruments, et les mots placés dessus les reflètent. La voix n’y change rien. Il peut aussi bien s’agir de la gravité suave de la chanteuse originelle que des envolées cristallines de Matthew Bellamy, peu importe.

 

C’est l’histoire toute bête de quelqu’un qui se sent bien, voilà tout, et les images employées ont un fort pouvoir communicatif. “River running free, you know how I feel, [...] stars when you shine, you know how I feel1.” Les papillons de la chanson incitent les auditeurs à entrer dans leurs joyeuses rondes. Le morceau réussit à exprimer le bonheur, ou du moins une forme de bonheur, passif et complet, qui n’a pas besoin de cause, proche de l’ataraxie. Et en l’exprimant, il parvient parfois à le susciter. Sans dire ce qu’il fait, il fait ce qu’il dit.

 

1 “Rivière qui court librement, tu sais ce que je ressens, [...] étoiles quand vous brillez, vous savez ce que je ressens.”

 

 

 

Margot Da Silva

24.01.2014

Nina Simone

"Feeling good"

 

bottom of page