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États de violence

 

 

La mine patibulaire et les traits renfrognés du jeune garçon tranchent avec le faciès quasi-inexpressif de son camarade à droite. La résignation et la colère envahissent le cliché tandis que la bouche de l’enfant se tord en un rictus de dégoût. La rage dans son regard se joint à l’arme, pointée sur l’objectif. Le second tente de le calmer, la main posée sur le bras du premier. Ses yeux sont rivés ailleurs, droit devant lui.

 

Mais lorsqu’il s’agit d’enfants, le jeu n’est jamais loin. Deux gamins dans la rue, jouant aux gangsters, comme dans un film d’action, lorsque la fin d’un personnage est proche et qu’il doit être exécuté. C’est précisément l’intention du photographe, William Klein. “Cela semble être mon cliché clé… C’est une fausse violence, une parodie. J’ai demandé au garçon de pointer le pistolet sur moi et d’avoir un regard dur. Il l’a fait, et puis nous avons ri tous les deux.”

 

Bien que factice et assumée comme telle, la violence qui se lit dans les yeux de l’enfant soulève une interrogation. N’y a-t-il pas quelque chose en lui, au-delà du jeu ?

 

 

Charlotte Cousin

28. 03. 2014

William Klein.

Broadway and 103th street. New York.

1955

 

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