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Danse, robot, danse

 

 

Un intérieur clair obscur. Le salon. Le couloir. La chambre. Une petite silhouette tient en équilibre dans l'encadrement d'une porte. Comme les pièces où elle évolue, la jeune fille semble nue. Le body couleur chair qu'elle porte fait illusion. Tout comme les quelques meubles qui peuplent la maison donnent l'illusion du confort. "Party girls don't get hurt". La voix de Sia résonne entre les murs. Elle a les accents désespérés de ceux qui ne se leurrent pas sur leur sort.

 

La caméra suit les mouvements de la jeune danseuse qui occupe tout l'espace dont elle dispose, si étriqué soit-il. Bientôt, la maison prend des allures de cage. Les bras, les jambes cognent contre les murs qui entravent leur liberté. Le carré de cheveux blonds, presque blancs, virevolte. Le corps se délie, se tord, repousse ses limites. Jusqu'où devra-t-il aller encore pour conquérir sa liberté?

 

Parfois, rarement, la caméra zoome sur le visage de la petite danseuse. Figé. Quasi-robotique. Les yeux se perdent dans le lointain tandis que la jeune fille tourne le dos à ce qui pourtant se rapproche le plus d'une échappatoire: la fenêtre. Il n'est pas question de sortir. Une pression de la main et les rideaux prennent vie, se resserrant autour du cou qui s'abandonne.

           

Mais la jeune fille se libère. Elle continue sa danse acrobatique dans le couloir, plus sombre que les autres pièces de la maison. La caméra la perd un instant. Plus jamais elle ne saisira le mystère du visage enfantin. C'est la fin. La danseuse s'éloigne à mesure que la caméra dézoome.

           

Les derniers mouvements sont des révérences, des au-revoir adressés avec la main. Alors elle savait. Depuis le début, elle était observée. Elle faisait tout cela pour les regards extérieurs qui, sans pitié, se contentent de l'abandonner dans l'intérieur clair obscur.

 

 

Cassandre Fabre

08.05.2014

Sia, Chandeliers

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