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Brûlez la crème !

 

 

Comment résister à une petite crème brûlée ? L’incontournable, l’éternelle crème brûlée ! Il reste toujours une place pour elle, et ça tombe bien, elle est à la carte de tous les restaurants qui se respectent, même les plus banals. Pas besoin d’avoir une étoile pour servir ce dessert tout en simplicité, mais aussi tout en finesse. Quand les gourmands ont tendance à se laisser séduire par le mi-cuit au chocolat accompagné de sa crème anglaise et de sa boule de glace à la vanille ou par le cheese-cake et son coulis de fruits rouges, la raison, et la nécessité, les pousseront à commander la crème brûlée si le repas pèse déjà trop lourd sur l’estomac.

 

Et quelle joie quand elle arrive ! Elle est traditionnellement servie dans un petit ramequin en terre cuite dont la vue seule peut suffire à mettre en émoi les sens des habitués qui savent à quoi s’attendre. Une fois qu’elle est posée sur la table, c’est son parfum délicat, presque imperceptible qui atteint les narines frémissantes de l’heureux mangeur. Elle est tellement belle qu’il n’ose pas la toucher, il va falloir la casser… « Kkkrk ! » Ça y est, il s’est lancé, le croquant du sucre cassonade caramélisé a cédé sous la cuillère. Le métal de cette dernière va heurter la paroi du ramequin, “tac”, et remonter le long de celle-ci en la raclant légèrement pour ne pas en perdre une miette, “rrrt”. C’est le moment. Les lèvres se desserrent, la bouche s’entrouvre, la main s’en approche avec la cuillère et…

 

Les yeux se sont fermés tout seuls. Le dessus croque sous la dent dans un tourbillon de volupté, tandis que la crème fond dans la bouche, libérant ainsi tout son arôme de vanille. Cela dure un peu plus de temps qu’il n’en faut normalement pour une si petite bouchée. La crème brûlée se savoure, elle n’aime pas être pressée. La cuillère amorce son retrait, sinon, il n’y aura pas de deuxième bouchée. La langue en profite pour ne rien y laisser et le couvert ressort étincelant. L’opération peut alors durer entre cinq et dix minutes en moyenne, et pendant ce temps, le plaisir ne faiblit pas. Chaque cuillère est une nouvelle fête pour celui qui la reçoit.

 

Les cuisiniers actuels essayent parfois de revisiter la crème brûlée en la recouvrant d’une boule de glace ou bien en la déposant sur un lit de pâte à tartiner au chocolat et aux noisettes. Du bon avec du bon ne peut faire que du bon, mais la recette originale demeure indétrônée, et indétrônable. La crème brûlée est un choix qui n’est jamais regretté, même si c’était par souci de légèreté ; et pour peu qu’elle soit servie tiède, une deuxième ne serait pas de refus.

 

 

Margot Da Silva

08.03.2014

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