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Amour secret

 

 

L’égocentrisme est la seule véritable religion de tout être humain normalement constitué. Mais c’est généralement un culte secret car jugé honteux par nos semblables hypocrites. Il a dû falloir un certain courage à Sophocle pour avouer : « Confidences pour confidences, c’est moi que j’aime à travers vous. »

 

Cette confidence pourrait tout aussi bien s’adresser à la personne qui partage sa vie qu’à l’humanité toute entière. Le problème reste le même. Aimer une personne, la détester ou même avoir une interaction banale avec elle, c’est se regarder le nombril.

 

L’amour de l’autre prend racine dans l’amour de soi. Car l’image outrageusement positive que l’autre renvoie de soi est une séduction bien plus efficace que ses quelques qualités physiques et/ou morales. Ça valorise, ça rassure, ça rend si fort. Au fond il n’y a rien de plus digne d’être aimé que cela.

 

La haine de l’autre prend racine dans l’amour de soi. Haïr quelqu’un, c’est haïr le coup que cette personne a porté à notre amour propre. Soit parce qu’elle est enviée, soit parce qu’elle a directement porté atteinte à cette estime chérie par une insulte, un vol ou autres affronts plus ou moins supportables.

 

La simple fréquentation d’autrui renvoie en permanence à l’amour de soi. Chaque rapport social doit être considéré à travers le prisme de l’égocentrisme. Aborder un(e) inconnu€ dans la rue, c’est ne pas perdre la face en demandant son chemin ou bien tester ses talents de séducteur(rice). Accepter d’écouter un collègue de bureau déblatérer ses malheurs, c’est éviter le risque d’être mal vu et ainsi entretenir cette bonne image de soi.

 

Chaque geste, chaque parole échangée a l’amour de soi pour arrière-plan. Et ceux qui disent le contraire ne se sentent simplement pas assez en confiance pour se laisser aller à la confidence.

 

 

Cassandre Fabre

30.03.2014

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